Scène 10
Nativité
(Attribué à Jean Soulas - 1528 ; source : Matthieu, Luc et Légende dorée.)
Marie est agenouillée, sa longue chevelure ondulée tombant sur
l’épaule ; elle prie devant l’enfant Jésus couché dans un panier d’osier ; trois angelots paraissent se réjouir tandis que Joseph se tient debout en retrait. L’Annonce aux bergers est figurée en bas-relief sur le pilier du côté droit (photo de droite) : scène champêtre très animée montrant les bergers et leurs troupeaux.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2015.
Scène 11
La Circoncision
(Attribuée à Jean Soulas - 1529 ; source : Évangile de Luc.)
La circoncision est présentée dans la Genèse comme le signe de l’alliance de Dieu avec Abraham. La loi de Moïse fut observée à la naissance de Jésus : « quand vint le moment de circoncire l’enfant, on l’appela du nom de Jésus ». L’enfant est maintenu par Joseph tandis que le vieux prêtre pratique l’incision ; une grimace de douleur se lit sur le visage de l’enfant Jésus. Adossé au pilier gauche de la scène, un très élégant bas-relief représente les anges rendant gloire à Dieu (photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2015.
Scène 12
L'Adoration des mages
(Attribuée à Jean Soulas - 1529 ; source : Évangile de Matthieu.)
« Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : "où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». Marie présente l’enfant Jésus. Les mages somptueusement parés apportent l’or, la myrrhe et l’encens. Le premier mage a mis un genou à terre en signe de soumission (photo de droite : détails des costumes).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2016.
Scène 13
La présentation de Jésus au temple
(François Marchand – 1542 ; source : Évangile de Luc.)
Quarante jours après sa naissance, Jésus est amené au temple par ses parents pour être consacré à Dieu. Là, se trouvait un vieillard nommé Siméon (photos de droite, avant et après restauration) qui avait eu la révélation qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Messie. Il reconnut l’enfant, le prit dans ses bras et dit : Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut préparé à la face de tous les peuples … ».
Ci-dessous : scène avant restauration en 2016.
Scène 1
Joachim reçoit la visite d'un ange qui lui annonce la future naissance de Marie
(Jean Soulas - 1519 ; source Légende Dorée.)
Joachim s'est retiré parmi les bergers, attristé d'avoir été évincé du temple en raison de sa stérilité. L'ange a disparu mais les crochets toujours en place et le texte de la commande conservé aux Archives témoignent de la présence de celui-ci à l'origine. À droite : un berger avec sa cornemuse et un autre berger avec les outils de tonte accrochés à son vêtement.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2017.
Scène 2
Anne reçoit elle aussi la visite de l'ange lui annonçant la future naissance de la Vierge
(Jean Soulas - 1519 ; source Légende Dorée.)
Ici encore, l'ange a disparu mais c'est bien vers lui que le visage d'Anne est levé. Scène d'intérieur : le coussin sur lequel Anne était agenouillée garde l'empreinte des genoux et son livre de prière est resté ouvert, ce qui marque la soudaineté de l'apparition. Le petit chien est symbole de fidélité (photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2017.
La clôture du chœur de la cathédrale de Chartres
Les quarante groupes sculptés racontent les moments majeurs de la vie de la Vierge et de celle du Christ.
Ces scènes sont inspirées des Évangiles et de la Légende dorée, écrite par Jacques de Voragine au XIIIe siècle.
Scène 3
Anne et Joachim se retrouvent à la Porte dorée de Jérusalem
(Jean Soulas - 1519 ; source Légende dorée.)
Le sculpteur répond aux termes du contrat : « En la tierce (image) sera figurée la ville de Jérusalem et en une des portes qui sera dite la porte dorée arriveront Anne et Joachim l’un d’un côté et l’autre de l’autre et derrière Joachim un lévrier (disparu) et du côté d'Anne sa chambrière ». Jérusalem est représentée comme une ville médiévale ceinte de remparts crénelés. L'échange des regards entre les époux est empreint d'une grande tendresse (photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2017.
Scène 4
Naissance de la Vierge
(Jean Soulas - 1519 ; source Légende dorée.)
Cette scène très intimiste montre les servantes qui s'activent auprès d'Anne - couchée dans un lit à courtines - et de l'enfant à qui l'on donne son premier bain. Noter la délicatesse des traits de la femme au pichet, le raffinement de son vêtement et l'élégance de ses gestes (photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2017.
Scène 5
Présentation de la Vierge au temple
(Jean Soulas - 1521 ; source Légende dorée.)
En fond de niche, on voit Marie gravir les marches du temple pour être consacrée à Dieu. Ses parents, Joachim et Anne, sont en premier plan ; Joachim est vêtu comme un riche bourgeois de la Renaissance. Le charmant petit garçon avec son panier rend cette scène encore plus vivante
(photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2017.
Scène 6
Le mariage de la Vierge
(Jean Soulas - 1521 ; source Légende dorée.)
Le grand prêtre bénit l'union de Marie et Joseph. A l'arrière et de part et d'autre sont les témoins. Le sculpteur a su transcrire dans la pierre l'extrême jeunesse de Marie qui, selon la tradition, devait avoir environ quatorze ans (photo de droite). Noter le geste de Marie relevant délicatement son magnifique manteau brodé de petites roses.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2017.
Scène 7
L'Annonciation
(Jean Soulas - 1521 ; source Évangile de Luc.)
Marie reçoit la visite de l'ange Gabriel qui tient dans sa main gauche la baguette du héraut : « …Voici que tu vas concevoir un enfant, un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus ». Le lys placé ici dans un vase est le traditionnel symbole de la pureté de Marie. Le dais sous lequel Marie est agenouillée était fissuré et le rideau présentait de nombreuses casses : celles-ci ont été gommées grâce à une savante restauration (photos de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2017.
Scène 8
Visitation
(Jean Soulas - 1521 ; source : Évangile de Luc.)
Marie rend visite à sa cousine Élisabeth enceinte de Jean-Baptiste ; quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. La différence d’âge entre Élisabeth femme d’âge mûr et la toute jeune Marie se lit autant sur les traits des visages que dans la façon dont chacune est vêtue (photos de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2017.
Scène 9
Songe de Joseph
(Attribué à Jean Soulas - 1528 ; source : Évangile de Matthieu.)
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt I -18-21). Marie est occupée à coudre ; son visage penché sur son ouvrage est plein de douceur (photo de droite). L’arrière-plan est étrangement vide, sans doute en raison des modifications apportées lors de l’aménagement du chœur canonial au XVIIIe siècle. En revanche, les retombées des voûtes postérieures du baldaquin, bien visibles ici, permettent d’imaginer la clôture dans son état primitif.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2015.
Scène 14
Le Massacre des Innocents
(François Marchand - 1542 ; source : évangile de Matthieu.)
Hérode, craignant pour son trône, donne l’ordre à ses soldats de massacrer tous les enfants de Bethleem âgés de moins de deux ans, tandis que les mères tentent désespérément de les soustraire à cette furieuse violence.
Au cours du XVIe siècle, le style glisse du gothique flamboyant à celui de la Renaissance qui se caractérise notamment par le rendu de l’anatomie, le mouvement des corps, l’expression des visages, le réalisme. Ces éléments contribuent à donner à cette scène une intensité dramatique. Ce groupe sculpté a subi des mutilations malheureusement irréversibles. Sur le pilier, une Fuite en Égypte, exécutée en bas-relief (photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2016.
Scène 15
Le Baptême du Christ
(Anonyme - 2e moitié du XVIe siècle ; source : les Évangiles.)
Cette scène qui marque le début de la vie publique du Christ est
précédée d’un bas-relief montrant Jésus à l’âge de douze ans s’entretenant dans le temple avec les docteurs de la loi (photo de droite).
Jésus, venu de Nazareth, arrive sur les bords du Jourdain pour se faire baptiser par Jean. Après que Jésus fut baptisé, l’esprit de Dieu descendit du ciel « comme une colombe » et une voix venue du ciel dit : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ». Le Christ se tient debout dans l’eau jusqu’à mi-mollet ; à droite, sur la berge, saint Jean verse l’eau lustrale sur la tête du Christ ; à gauche, un ange tient ses vêtements.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2018.
Scène 16
Les Tentations du Christ au désert
(Thomas Boudin - 1612 ; source : les Évangiles.)
Jésus s’est retiré au désert pour méditer. Après avoir jeûné quarante jours, il eut faim. Il est alors mis à l’épreuve par une confrontation avec Satan lors de trois tentations réunies ici en une seule scène : le Christ fait face à Satan dont l’apparence humaine est trahie par la présence de pattes griffues (photo de droite). Avant mutilation de la sculpture, Satan tendait sans doute au Christ deux pierres lui demandant de les changer en pain ; la deuxième tentation est figurée par le temple placé à droite et la troisième par la montagne.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2018.
Scène 17
La Cananéenne
(Thomas Boudin - 1612 ; source : les Évangiles.)
Comme Jésus cheminait vers Tyr avec quelques disciples, une Cananéenne (photo de droite) se jette à ses pieds et l’implore de guérir sa fille tourmentée par le démon. Jésus, touché par sa foi, exauce son souhait.
Au centre, saint Pierre désigne la femme en s’adressant au Christ. Les personnages sont pieds nus et drapés à l’antique ; les plis nombreux, épais parfois «bouillonnants», caractérisent le style de Thomas Boudin.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2018.
Scène 18
La Transfiguration
(Thomas Boudin - 1612 ; source : les Évangiles.)
« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement devint d’une blancheur éclatante ». Les disciples éblouis virent Jésus s’entretenir avec Moïse et Élie. Soudain une nuée les recouvrit de son ombre et une voix venue d’en-haut prononça ces mots : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai élu, écoutez-le ». Parmi les disciples, on identifie Jean à son visage juvénile. Derrière lui, Moïse porte les tables de la loi (photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2018.
Scène 19
La Femme adultère
(Jean Dedieu - 1678 ; source Évangile de Jean.)
Un jour, des Pharisiens amènent à Jésus une femme prise en flagrant délit d’adultère. Ils veulent la faire lapider en punition de sa faute et demandent l’approbation de Jésus. Or, Jésus leur dit : « celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ». Alors les Pharisiens s’en allèrent. La beauté et l’humilité de la femme (photo de droite) retiennent l’attention face à l’agressivité qui se lit dans le regard des Pharisiens.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2019.
Scène 20
La Guérison de l’aveugle-né
(Pierre 1er Legros - 1683 ; source : Évangile de Jean.)
Jésus rencontre un mendiant aveugle de naissance et lui rend la vue en déposant sur ses yeux un peu de boue délayée avec sa salive. Ce miracle illustre la mansuétude divine face à l'attitude d’abandon et de confiance de l’aveugle (photo de droite). La scène dans sa globalité parait prise sur le vif : les deux disciples témoins de la compassion du Christ commentent le miracle tout en marchant (genoux fléchis, mouvement des lourds drapés de leurs vêtements, beaux visages graves pris dans l’instantanéité de la conversation).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2019.
Scène 21
L’Entrée du Christ à Jérusalem
(Jean-Baptiste II Tuby - 1705 ; source : les Évangiles.)
Vaste scène qui s’étale sur toute la longueur de la travée, marquant ainsi l’ampleur de la foule venue acclamer le Christ lors de son arrivée à Jérusalem à l’approche de la Pâque juive. Le Christ, monté sur un âne, suivi de ses disciples, fait face à une population qui l’acclame (photo de droite). Cette scène introduit plusieurs symboles : l’âne symbole d’humilité (le Christ s’est fait humble), le rameau (assimilé à la palme) symbole de martyre et de victoire, les vêtements posés sur l’âne et sur le sol, symbole de respect.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2019.
Scène 22
L’Agonie du Christ au jardin de Gethsemani
(Simon Mazière - 1716 ; source : les Évangiles.)
Au premier plan, le Christ prie, agenouillé, mains jointes, soutenu par un ange dont les ailes ont disparu (photo de droite). Un autre ange lui fait face, difficilement identifiable car ses ailes et ses bras sont brisés. Mais le texte de l’Évangile de Luc nous éclaire : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » ; c’est sans doute cette coupe que l’ange devait tenir à l'origine. En fond de niche, sont les disciples que Jésus retrouva endormis alors qu’il s’était écarté pour prier.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2019.
Scène 23
Le baiser de Judas
(Simon Mazière - 1716 ; source : les Évangiles.)
Judas, l’un des douze disciples, trahit le Christ. Il s’approche de lui pour l’embrasser, signe convenu pour le désigner : à cet instant, les gardes du temple et les soldats de Pilate se saisissent de Jésus et l’arrêtent. Sur la gauche de la scène, Pierre brandit son épée (dont la lame a disparu) et va trancher l’oreille du serviteur du grand-prêtre recroquevillé à ses pieds. L’échange des regards entre le Christ et Judas est intense (photo de droite). A la ceinture de Judas est accrochée la bourse aux trente deniers, prix de la trahison.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2019.
Scène 24
Jésus devant Pilate
(Simon Mazière - 1716 ; source : les Évangiles.)
« Les chefs des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire condamner à mort. Après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent pour le livrer à Pilate » procurateur romain de la province de Judée, seul juge pouvant condamner à mort. Jésus tenu par les gardes, poignets attachés, dans une attitude résignée, fait face à Pilate. Ce dernier, assis sur un trône surélevé, porte cuirasse et toge : insignes romains de sa charge ; sa tête n’est pas ici ornée d’une couronne de laurier selon la tradition, mais d’un turban, intrusion de l’Histoire dans l’iconographie au XVIe siècle (photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2019.
Scène 25
La Flagellation
(Simon Mazière - 1713 ; source : les Évangiles.)
Après avoir été condamné, Jésus est livré aux soldats pour être flagellé. Jésus est dépouillé de ses vêtements ; il est attaché à une colonne du prétoire et les bourreaux armés de fouets lui font subir le supplice. Ils sont ici représentés en pleine action : muscles tendus, buste tourné pour prendre de l’élan, bras levé pour s’abattre avec plus de force. Bien que détériorée, cette scène est d’autant plus émouvante que le sculpteur maîtrise parfaitement le rendu de l’anatomie des trois personnages et de leurs expressions (photo de droite).
Ci-dessous : scène avant restauration en 2019.
Travée de l’horloge
(1528)
C’est la première travée Renaissance du Tour de chœur ; elle est marquée par de nombreux éléments décoratifs caractéristiques : coquilles, putti, portraits en médaillon, candélabres.
L’horloge intégrée à la clôture en 1528, ne se contentait pas de donner l’heure mais elle avait pour but de reproduire le mouvement du soleil et de la lune ; elle permettait de prévoir les éclipses et de fixer la date de Pâques qui varie chaque année. Elle servait aussi bien sûr à sonner l’heure des offices.
La position de l’horloge - placée avant les scènes liées à la naissance du Christ - témoigne de la volonté de marquer le début de l’ère chrétienne. A la fin du XVIe siècle, le pape Grégoire XIII promulguera la réforme du calendrier abandonnant le calendrier julien pour celui qui prendra son nom : le calendrier grégorien.
Scène 26
Le Couronnement d’épines
(Simon Mazière - 1715 ; source : les Évangiles.)
Par dérision au titre de roi des Juifs, les soldats revêtent le Christ d’un manteau rouge et posent sur sa tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. "...Puis ils se mirent à lui faire des révérences : salut, roi des Juifs ! Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui…" écrit l’évangéliste Marc. Comme pour la scène de la Flagellation, le groupe sculpté se résume ici à trois personnages. Le Christ est assis au centre, mains liées, visage baissé, résigné, entre un bourreau qui, protégé par des gants de fer (photo de droite), le coiffe de la couronne d’épines, et un soldat qui a gardé son casque et brandit un roseau.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2019.
Le rond-point
L’extrémité orientale de la clôture, dite le rond-point, n’a plus l’aspect qu’elle avait jusqu’à la Révolution ; en effet, dans la partie haute était présentée « l’armoire aux reliques » aujourd’hui remplacée par des statues de différentes provenances (photo du bas). Ci-dessous : rond-point avant restauration en 2015.
Photos : H. de Féraudy, Y. Lejeune, ACC. © 2022 Les Amis de la cathédrale de Chartres.
Scène 27
Jésus crucifié
(Simon Mazière - 1714 ; source : les Évangiles)
Parce que la hauteur des niches était insuffisante pour placer une croix dressée, le parti a été pris de représenter l’érection de la croix, sujet traité par le peintre Rubens un siècle plus tôt (cathédrale d’Anvers). Dix personnages occupent l’espace qui s’étend sur la longueur de deux niches. Deux groupes composent la scène : à gauche, soldats et bourreaux redressent la croix où est cloué le Christ ; à droite, Marie est soutenue par saint Jean et une sainte femme ; Marie-Madeleine, que l’on identifie à sa longue chevelure, s’agenouille, mains jointes. L’intensité dramatique et physique de l’instant se lit sur le visage souffrant du Christ et dans l’effort musculaire déployé par les bourreaux ; à celle-ci, répond l’intensité de la douleur morale de la Vierge et de ceux qui l’accompagnent.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021-22.
Scène 28
La Déploration
(Simon Mazière - 1714)
La Vierge Marie, au pied de la croix, le visage marqué par la douleur, reçoit le corps du Christ mort sur ses genoux. A sa droite, un angelot, pleurant, tient un pan du linceul ; à sa gauche, un ange se recueille, on peut distinguer la couronne d’épines à terre devant lui. Marie regarde le visage de son fils dont le corps est tourné vers l’avant de la scène.
Ce thème de la déploration appelé Vierge de Pitié ou Pietà en italien n’a pas de source littéraire. Il répond à la sensibilité pathétique et à une forme d’appel à la dévotion qui apparaît à la fin du Moyen Age et sera largement exploité au XVe siècle et jusqu’au XVIIe siècle. Les exemples les plus connus sont la Pietà de Villeneuve-lès-Avignon peinte par Enguerrand Quarton (aujourd’hui au Louvre) et la sculpture de Michel-Ange à la basilique Saint-Pierre de Rome.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021-22.
Scène 29
La Résurrection
(Thomas Boudin - 1610)
Il n’existe pas de texte saint évoquant le Christ sortant de son tombeau : aucun disciple n’a assisté à la Résurrection. Le récit de la Passion s’arrête après que Joseph d’Arimathie et Nicodème ont déposé le corps de Jésus dans un tombeau : « À cause de la préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus » (Jean 18). La scène représente le Christ debout sur un sarcophage, tenant une croix-étendard symbole de sa victoire sur la mort ; les trois soldats chargés de veiller sur le tombeau affichent un regard effrayé. Le drapé « bouillonnant », maniériste, cher à Thomas Boudin, met en valeur la silhouette du Christ ressuscité.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021-22.
Scène 30
Les saintes femmes au tombeau
(Thomas Boudin – 1610 ; source : Évangile de Marc)
« Le Sabbat terminé, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus…Au premier regard, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de peur. Mais il leur dit : N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit…» (Marc 16 1-7). Ci-dessous : scène avant restauration en 2021-22.
Scène 31
Jésus et les pèlerins d’Emmaüs
(1611 – signé et daté par Thomas Boudin ; source évangiles de Marc et de Luc)
Le Christ ressuscité apparait à deux de ses disciples qui marchent en direction d’Emmaüs, village proche de Jérusalem. Jésus s’approche d’eux et leur demande le sujet de leur conversation. Ils ne le reconnaissent pas mais lui disent comment Jésus de Nazareth a été condamné à mort et crucifié, et combien ils sont bouleversés car des femmes de leur groupe et certains de leurs compagnons ont trouvé le tombeau vide au matin du troisième jour. Les disciples portent des vêtements courts pour ne pas entraver la marche ; l’un d’eux a les attributs traditionnels du pèlerin : chapeau à larges bords avec une coquille cousue sur le revers et besace en bandoulière ; il tenait à l’origine le bourdon dans la main droite comme l’indique la position des doigts.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 32
L’incrédulité de Thomas
(1611 – Thomas Boudin ; source évangile de Jean)
Ce groupe présente le Christ debout au centre, le regard baissé en direction de Thomas qui s’agenouille, et de quatre apôtres témoins de la scène, deux de chaque côté du Christ. Il s’agit de la deuxième apparition du Christ à ses apôtres. Thomas qui n’était pas avec eux la première fois, n’avait pas voulu croire à sa résurrection. Le Christ leur apparaît à nouveau, en un lieu dont les portes sont verrouillées, et s’adresse à Thomas : « Avance ton doigt ici et vois mes mains ; avance ta main ici et mets-la dans mon côté ; cesse d’être incrédule, mais croyant » ; Thomas lui répond : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 33
Apparition du Christ à sa mère
(1516 – anonyme ; source la Légende dorée)
Aucun texte ancien ne mentionne l’apparition de Jésus à sa mère ; c’est une création de la Légende dorée dans une démarche de dévotion à Marie. Ce groupe sculpté fait partie des tout premiers mis en place au début du XVIe siècle ; il est identifié par une inscription en caractères gothiques sur le bord de la niche, comme les suivants. C’est une scène d’intérieur qui montre Marie face à son livre de prière posé devant elle sur un petit meuble sculpté ; saint Jean est présent, à sa droite. Le Christ apparaît en face d’elle. Marie, surprise, se redresse et lève le regard vers lui ; elle sourit.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 34
L'Ascension
(vers 1516 – anonyme ; source : évangiles de Marc et de Luc, Actes des apôtres)
Au milieu des apôtres rassemblés avec Marie, le Christ qui a achevé sa mission sur la terre, s’élève dans les cieux. Seule la partie inférieure du corps du Christ (un pied a disparu) et de son vêtement sont visibles au-dessus de la tête des apôtres. Au sol, figure l’empreinte de ses pieds. Marie, de profil sur la gauche, joint les mains. « … Sous leurs yeux, Il fut élevé et une nuée le déroba à leurs regards…» est-il écrit dans les Actes des apôtres au chapitre 2. Tous ces derniers groupes ont été sculptés par les « imagiers » de l’équipe de Jean de Beauce qui venaient d’achever les statues du clocher nord.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 35
La Pentecôte
(vers 1516 – anonyme ; source Actes des apôtres)
Le Christ envoie le Saint-Esprit sur les apôtres pour leur permettre de parler toutes les langues et diffuser ainsi l’Evangile. Cet évènement survient cinquante jours après Pâques. La position centrale de Marie qui trône en majesté correspond à la tradition qui fait d’elle la personnification de l’Eglise.
« Quand le jour de la Pentecôte fut arrivé, ils se trouvèrent tous ensemble. Tout d’un coup survint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent…alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacun d’eux. Ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint et se mirent à parler d’autres langues ». Ni colombe du Saint-Esprit, ni langues de feu ne sont représentés ; seuls les regards tournés vers le ciel permettent d’identifier la scène.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 36
L'adoration de la croix
(anonyme – vers 1516 ; source : Légende Dorée)
Au premier plan, la Vierge Marie et saint Jean et au deuxième plan, Marie-Madeleine et Marie-Salomé prient au pied de la croix qui porte encore les clous et la couronne du supplice. Au pied de la croix, un crâne et des ossements rappellent une tradition selon laquelle Jésus aurait été crucifié sur le tombeau d’Adam. La vénération de la croix est depuis le Moyen Âge un geste de piété pour les chrétiens.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 37
La mort de la Vierge
(anonyme – vers 1516 ; source : Légende Dorée)
« Le trépassement de Notre-Dame », comme il est écrit en caractères gothiques au bord de la scène, montre Marie couchée sur un lit, entourée des apôtres qui l’assistent dans ses derniers instants. Ils ont des attitudes variées. L’un d’eux assis, un livre entre les mains, chante peut-être un psaume, un autre s’incline vers le lit comme pour recueillir un dernier message, un autre encore, en avant de la scène, agenouillé, prie les mains jointes. Ces mains jointes ont été retrouvées dans le lapidaire à la faveur de la récente restauration et ont pu être refixées.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 38
Les funérailles de la Vierge
(anonyme - vers 1516 ; source : Légende Dorée)
Le cercueil est porté par les apôtres qui apparaissent tous affligés. L’apôtre placé à gauche tient un livre de prière et un bénitier, un autre égrène son chapelet. Dans un espace très restreint, le sculpteur est parvenu à mettre en scène un grand nombre de personnages donnant l’impression de la progression d’un cortège. Comme pour la mort de Marie, aucun texte canonique n’évoque cet évènement. Mais les textes apocryphes et la Légende dorée ont fourni à l’iconographie chrétienne matière à accompagner la ferveur des fidèles.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 39
La Résurrection de la Vierge
(anonyme - vers 1516 ; source : Légende Dorée)
Si la mort de la Vierge est traditionnellement représentée par le Christ descendu du ciel venant recevoir l’âme de sa mère figurée sous la forme d’un tout petit personnage, il s’agit ici de la résurrection corporelle de Marie suivant une doctrine qui a pris forme au Moyen Âge. Le Christ entouré d’anges la ressuscite et la bénit tandis qu’elle se relève de son tombeau, aidée par un ange qui tient un pan du linceul. Il est intéressant de comparer cette scène à celle de l’Assomption sculptée au XIIIe siècle au portail nord.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
Scène 40
Le couronnement de la Vierge
(anonyme - vers 1516 ; source : Légende Dorée)
Point d’orgue de cette clôture dédiée à la Vierge, son couronnement correspond à un concept théologique selon lequel, après son Assomption, Marie est reçue au Ciel et couronnée par la Trinité rassemblée : Père, Fils et Saint-Esprit. Elle est présentée ici de manière très frontale entre Dieu le Père coiffé de la tiare et portant le globe terrestre dans une main et le Christ coiffé de la couronne d’épines. Tous deux posent une main sur la couronne de la Vierge au-dessus de laquelle apparait la colombe de l’Esprit-saint. Une cohorte de petits anges ferme la composition en glorifiant Marie. Ce même thème est traité sur le vitrail (XVe siècle) de la chapelle Vendôme, dans le bas-côté sud.
Ci-dessous : scène avant restauration en 2021.
© 2024, Les Amis de la Cathédrale de Chartres