La clôture du chœur de la cathédrale
Au cœur de la plus emblématique de toutes les cathédrales gothiques, se trouve un pur joyau Renaissance : la clôture du chœur, souvent appelée "Tour de chœur". Longtemps éclipsée par la renommée des vitraux, elle n'échappe plus désormais à l'admiration des visiteurs depuis sa restauration (2015-2022) due au mécénat des Amis de la cathédrale. La fascinante beauté de ses sculptures, la richesse décorative et la finesse des détails caractérisent la clôture du chœur de la cathédrale de Chartres.
Fonction, histoire et description
Conçue par les chanoines pour séparer le chœur canonial des autres parties de l'édifice, séparer le clergé des laïcs, cette clôture correspond à une organisation médiévale de l'espace, modifiée après le concile de Trente.
L'édification de ce mur de pierre est confiée au début du XVIe siècle au maître d'œuvre Jehan de Beauce, qui venait d'achever la construction du clocher nord. L’aspect initial a été modifié au XVIIIe siècle lors de la mise en place du décor néo-classique de l'intérieur du chœur qui a retiré en partie sa transparence. C'est un ouvrage monumental de six mètres de haut qui se développe sur une centaine de mètres ; il est divisé en quinze travées qui prennent appui sur les piles du XIIIe siècle. On distingue quatre niveaux : le soubassement, l'ancienne claire-voie, les grandes niches qui présentent quarante scènes sculptées en ronde-bosse et les dais de couronnement ou "baldaquins".
Le décor général est foisonnant, depuis les bas-reliefs des soubassements avec des sujets inspirés de l'Ancien Testament, de la mythologie et de l'Histoire... jusqu'aux dais de couronnement qui sont une véritable dentelle de pierre où logent d'innombrables petits personnages : putti, anges musiciens, etc..
Consacrés à l'histoire de la Vierge et à la vie publique du Christ, les groupes sculptés qui meublent les niches se lisent du sud vers le nord. Ils sont dus au ciseau de sculpteurs qui se sont succédé pendant près de deux siècles, le chantier ayant été plusieurs fois interrompu, notamment pendant les guerres de religion (seconde moitié du XVIe siècle) mais aussi plus tard pour des raisons financières. Les chanoines commanditaires ont fait appel à des artistes d'exception ayant travaillé sur les chantiers royaux. L'ensemble des scènes, y compris les dernières, mises en place autour de 1715, révèle un art savant de la composition et une extrême délicatesse d'exécution qui font de cette clôture une œuvre majeure de la sculpture religieuse française.
Constat d'état et restauration
La clôture souffrait d'un très fort encrassement mais aussi de multiples lacunes et dégradations, cassures, éclats, graffitis et par endroits de désagrégation de la pierre. Les échafaudages installés lors des restaurations du chœur et du déambulatoire en 2011-2012 avaient permis de découvrir de nombreux fragments pouvant être réintégrés et enrichissant le lapidaire déjà existant.
Les interventions menées par les restaurateurs ont d'abord consisté en un dépoussiérage et un nettoyage. Le travail s’est poursuivi par la reprise de ragréages, la fixation de statues, le recollage d'éléments fragilisés ou détachés, le traitement des microfissures, la consolidation des badigeons. Puis une harmonisation à l'eau-forte, déjà utilisée dès la création de l’œuvre, a permis de gommer les différents tons de pierre. La réinsertion d'éléments lapidaires récupérés a parfois donné lieu à de véritables reconstitutions de "puzzles". La grande connaissance de la statuaire, l'intelligence de l'art et le talent des restaurateurs ont permis d’effacer visuellement les accidents de l'Histoire et à rendre à cet ensemble sa lisibilité, sa compréhension et son éclat.
Cet important et délicat chantier de restauration démarré en 2015 a été divisé en quatre phases du sud au nord: phase 1 (2015-2016) ; phase 2 (2016-2017) ; phase 3 (2018-2019) ; phase 4 (2020-2022). Une mise en valeur par l'éclairage permet de discerner de nombreux détails révélant la beauté et la valeur exceptionnelle de ce « Tour de chœur » désormais protégé du toucher des visiteurs par une rambarde de mise à distance.
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